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Périple « Double M »

par Eric De Kleermaeker


"En mémoire de ceux qui y sont restés…(baba pour le premier, en haut pour l'autre)"


BERCY

Après un petit tour sur le fameux périphérique, notre petite histoire commence aux marches du palais omnisports de Bercy à Paris.


Un peu excités et le ticket à la main, nous progressons vers l’entrée parmi les 15000 fans présents, où l'on nous mène à nos places réservées.


Pendant 30min, nous observons ce monde s’installer pour le show. 

Dans la foule, nous notons l’arrivée de Mylène Farmer, 

Jean-Paul Gauthier et un des «lofteurs» de M6…
21h : l’immense salle de concert s’éteint et un vent de folie monte parmi le public… La scène s’illumine et ELLE est là ! La MADONNE du pop ! 

Cette S… sacrée Madonna. 


Et nous voilà emportés pour 1h30 de show non-stop où s’enchaînent ses derniers succès, danses et jeux de lumière, le tout dans un minutage précis, 
hyper professionnel… Plein les yeux ! Cela fait quand même 20 ans qu’elle fait danser la planète.


Le show se termine comme il avait commencé et nous sommes tous abasourdis.
Un peu sur notre fin mais génial. Déçus de ne pas avoir ramené sa petite c… , mais de toute façon elle n'en met pas!
Nous sortons du palais encore sous le choc. Différents vendeurs ambulants crient dans la rue pour essayer de nous refiler posters ou autres babioles: "dix balles, dix balles!" Je leur réponds: "Balles!". 



Pour attendre notre 4ème larron, Thierry, nous nous dirigeons vers une brasserie, et qui dit brasserie, dit bière. Donc, glou-glou ! Mais à quel prix! D'accord, nous sommes à Paris, mais quand même. 
Thierry arrive enfin. Nous embarquons et direction Haute-Savoie.
La fatigue se faisant sentir, Alain et moi, nous nous endormons dans la voiture. Thierry et surtout Frank, nous conduisent jusqu’à Chamonix 

où nous arrivons à 6h20. 


CHAMONIX


Il pleut, mais nous reniflons les senteurs d’une viennoiserie où cuisent croissants et autres pâtisseries qui nous éveillent les papilles.
Mais il faut attendre 7h pour le p’tit dèj à l’hôtel et 11h pour la chambre. Nous sommes un peu nazes du voyage et certains s’endorment dans le hall d’entrée de l’hôtel… 
Nous déjeunons parmi un nid de japonais ! 2 grands groupes occupent l’hôtel. Étonnant ce peuple, plus vous vous courbez, plus ils vous répondent ! Ils sont très disciplinés, obéissant à leur guide sans faire d’histoire…
Après avoir disposé de nos chambres et s'être rafraîchis, nous partons à la recherche du matériel indispensable pour atteindre l’objectif de notre voyage, 
l’ascension du MONT BLANC !



Chaussures en coque et donc imperméables, crampons, piolet, baudrier, Petzl, casques (que nous n’avons en fin de compte pas pris, mais bon !). 
Équipés, et quelques hamburgers plus loin (pas top comme repas… mais pas trop cher non plus !), nous nous reposons un peu avant notre rendez-vous de 19h au bureau des Guides de Chamonix.

        

Arrivés là, nos 2 guides n'y sont pas mais Frank entre en communication avec Alex (l’un des 2) qui nous fixe rendez-vous le lendemain à 7h30 dans le parking du téléphérique des Houches.
Un peu déçus de ne les avoir pas vus, nous nous consolons devant une bonne fondue savoyarde et une brasérade en nous motivant pour le lendemain. Mais nous savions pas encore ce qui nous attendait…
Retour à l’hôtel, et devant « Loft Story » sur M6, le « Big Brother » français, la nullité que tout le peuple francophone d'Europe regarde 

(du moins ceux qui ont M6), nous décidons de dormir 

en rêvant de Loanna (cette S… sacré gonzesse du Loft!).

LES HOUCHES

Le réveil sonne, 6h20. L'enfer commence déjà… Après avoir embarqué nos "gros" sacs, nous déjeunons en vitesse car nous sommes à la bourre.
Arrivés au parking du téléphérique Bellevue (993m), nous faisons la connaissance d'Alex, le 1er guide. Originaire de Megève, 30 ans, il exerce cette "profession" depuis 8 ans. Son père, agriculteur, était également guide, activité qu'il pratiquait 3 mois en été.
Alex nous demande de voir nos sacs… et devant nos yeux écarquillés, fait un nettoyage par le vide en jetant les affaires "inutiles" dans le coffre de la voiture, 

qui devient après quelques instants un véritable fouillis. 

On ne va pas rire quand on reviendra …
Il est vrai que si nous avions su à l’avance la difficulté de l’ascension, 

nous aurions aimé ne pas prendre de sac du tout… 
Mais bon, on est des " chochottes " 

(hein, Alain ! savon, vêtements de rechange, …)
Direction téléphérique (ticket : 70FF aller-retour, oui, surtout retour…) et montée jusqu’à 1801m. On descend 100m et là nous attendons un petit train à crémaillère (ticket : 72FF).



De la gare, nous observons la vue et nous apercevons 

le refuge du Goûter à 3817m. Cela n’a pas l’air loin…
Le train baptisé Marie, nous mène au Nid d’Aigle à 2372m
Là commence l’ascension proprement dite ! 

ASCENSION

Alex nous conseille de ne pas marcher trop vite, de faire des petits pas 

(cela, il le dira tout au long de l’ascension !) 
(ndlr : " ça va les tapiottes ? ", il le dira aussi très souvent). 
Premières traces dans la neige, dans les rochers (petits, ceux-là ! par rapport à ceux que l’on montera plus tard), premières transpirations et donc premier arrêt pour s’hydrater (boire, quoi !) et enlever une couche. 


Crème solaire, hein, Frank ! car il tape, l’air de rien. Et nous revoilà repartis.
Arrivés au refuge de Tête Rousse (3167m), nous nous arrêtons pour pique-niquer (chouette, des trucs à ne plus porter… !) et boire à nouveau. Chaud, il fait et crème, nous remettons (j’insiste, hein, Frank ! Ne pas oublier les bras…). 
Nous nous rapprêtons et le 2ème guide nous rejoint après avoir quitté le groupe précédent. Ce qui veut dire qu’il vient de là haut et qu’il y remonte… 

Ils sont fous, ces guides ! 
Nicolas, né le 10/04/1967, 3 enfants, a l’air d’un bourlingueur. Il parle beaucoup, il en connaît un bout sur ces fameux monts…
Après avoir marché quelques pas dans la neige, nous nous encordons. 



Cela devient sérieux. Avant la montée proprement dite vers le refuge du Goûter, nous devons traverser le "Couloir de la Mort" comme ils disent là-bas. Il s'agit en fait, d'un couloir de neige où dévalent de temps en temps des pierres + ou – grosses… Un câble relie les 2 berges, sur lequel, normalement on s'assure… Mais comme nous sommes des "bêtes" et qu'il y a bouchon, nous traversons sans encombre en coupant un peu la trajectoire. 

Ensuite vinrent les rochers… Au sommet, nous apercevons le refuge!


Ha, chouette! La chaleur grandissante nous fait demander une halte glou-glou. 
Déjà, le paysage autour de nous est superbe. 


Nous reprenons notre ascension tantôt en nous assurant avec notre piolet, 

tantôt avec nos petites menottes… 


De temps en temps, un câble vient à notre rescousse. Le soleil est toujours bien présent, mais nous nous plaignons pas (du moins du temps!). 

REFUGE DU GOUTER (3817m)


Enfin, les derniers rochers et nous voilà arrivés, à ce fameux refuge où nous allons passer quelques heures avant le rush (enfin, si je puis dire…!) final.
Nous pénétrons dans cette immense boîte à conserve (hé oui, cela y ressemble).
Venant d'une grande clarté, l'intérieur nous paraît sombre et il faut un certain temps pour que nos yeux s'y habituent. Nous nous débarrassons de 

notre attirail dans une petite pièce (Yes!). 

Nos petits "bottillons" sont remplacées par de superbes pantoufles…! 
Nos guides nous guident (gag!) vers nos couches dans un superbe petit dortoir où il fait bon vivre… Et vive les odeurs de chaussettes, de transpiration dans cette pièce où nous recevons 3 matelas pour 4. Nous nous aimons bien mais bon…! Nous nous changeons ou plutôt nous ôtons le superflu 

car il fait étouffant ! 
Nicolas nous conseille de nous reposer jusqu'au souper. 

Nous essayons tant bien que mal en évitant de nous donner des coups… 

Bref, nous ne dormons pas beaucoup.
19h: souper avec les guides. Au menu, une délicieuse soupe tomatée (beaucoup d'eau, peu de tomate ou carotte?) avec croûtons à l'ail (au point où on en est, une de plus ou de moins), rôti de porc sauce oignon (décidément!) avec blé, morceau de fromage et pain, crème pudding garni d'un petit biscuit Delacre … 
Nicolas nous fait un petit topo sur le lendemain: 1h45 debout, un qui réserve une table, les autres s'apprêtent, les guides s'occupent du petit déj., 

puis départ vers 2h15. Tout un programme!
Avant de rejoindre nos couches dans l'étable, nous profitons du paysage et du coucher de soleil dehors où il fait encore excellent.
Nous nous couchons. L'enfer! Chaleur pétante (dans tous les sens du terme…), pas assez d'air (il y a toujours un petit comique qui ferme la porte…), pas assez de place, la couverture qui pique... 
Et cela jusqu'au lever (Ah bon, on s'est couché…?) 

DÉPART

1h45: branle-bas de combat! Toutes les Petzl s'agitent, les uns sautent dans leurs affaires pendant que les autres les recherchent à tâtons… 
Je me dirige vers le réfectoire et prends place à une table de 4 pour 6 que je réserve et défends (car il n'y a pas assez de places assises pour tout le monde). Quand on pense que ce refuge peut abriter 108 personnes…! Et que nous sommes plus ou moins 150…!
Les autres me rejoignent et les guides apportent le p'tit déj: pain complet, beurre, miel, confiture, thé sucré. Nous ingurgitons le tout en prenant également aspirine préventivement contre la mal de l'altitude…
Il ne faut pas traîner car déjà les premières cordées sortent du refuge.
Je m'apprête également. Nous prenons le strict minimum, le reste demeure dans une caisse que nous récupérerons plus tard. 

Et enfin nous voilà dehors. Ce ne fut pas un mince affaire!
Alex nous encorde, mon frère et moi, 

Nicolas fait de même avec Thierry et Alain.
Nous voilà partis. Il fait plus frais et c'est beaucoup plus agréable pour marcher qu'en plein soleil…Alex nous rappelle les consignes (cfr: "allez, les tapiottes…!"). 
Nous nous concentrons sur le chemin que notre lampe éclaire et nous progressons tranquillement. Nicolas un peu plus vite et au bout d'1 heure, Alain tombe dans la "zone rouge". Il n'en peux plus. Nous sommes à 3900m… Thierry rejoint notre cordée et Nicolas continuera lentement avec Alain dès qu'il aura récupéré. Nous les quittons en lançant un "Allez, Alain, come on!", 

"Courage", "Sus (hi,hi,hi) au Mont Blanc"… 

Ainsi nous arrivons, à hauteur du refuge Vallot (4362m) où nous entrevoyons le lever du jour. Ce fameux observatoire du début du siècle passé est le dernier refuge avant le sommet. Une petite halte pour se ravitailler (thé chaud et barres énergétiques), un petit coup de caméra et nous voilà repartis. Malgré la difficulté déjà gravie, nous nous sentons encore bien malgré l'altitude. 
4500m: le jour se lève à l'est. Fabuleux! Les couleurs changent chaque minute. Nous ôtons notre lampe. Je regarde en arrière et j'aperçois Alain et Nicolas qui progressent lentement. "Allez Alain". Nous apprendrons plus tard qu'il s'est arrêté à 4500m… après un renvoi de la marchandise! 
Thé, barres, caméra, et on continue.
Je me concentre sur mes pas et ma respiration. J'ai l'impression que mes jambes se vident petit à petit… Une petite pointe de douleur apparaît au genou droit comme un petit coup de couteau. J'essaie de penser à autre chose tout en marchant comme un automate. J'ai mal de tête malgré la prise d'aspirine préventive mais je supporte. Je me dis que:" Au point où j'en suis, je ne peux quand même pas m'arrêter…". 
Les derniers mètres sont durs mais je me stimule à fond en ne regardant que mes pieds qui avancent petit à petit.

SOMMET

7h00: enfin, Alex crie: "Allez les gars, plus que quelques mètres…" 

Les derniers, longs, mètres… 
Nous y sommes: 4808m. Waouh! 


Il faut quand même quelques instants avant que nous réalisons notre exploit. 

Thierry commence un petit chant; 

à mon avis, le manque d'oxygène lui joue sur le ciboulot…
Nous sommes heureux, émerveillés par le panorama qu'offre le plus haut sommet d'Europe. Oui, nous sommes éblouis! 
Alex nous fait un petit topo panoramique en énonçant chaque monts et vallées. Grandiose!
Comme nous avons la "chance des débutants", nous restons 20 minutes au sommet. Ce qui nous laisse le temps d'apprécier et de souffler (quoique…!). 
Nous contemplons surtout la Tarentaise que nous connaissons bien en hiver. 

Que ces grandes stations sont basses et petites vues d'ici…




DESCENTE

Maintenant, il faut penser à redescendre. C'est quand même nul! 
Et en fait, le plus dur reste à venir. Après avoir donné les derniers efforts pour monter, vla ti pas qu'il faut descendre. Dites cela à mes jambes. 

Et bien, elles m'ont dit: "M…, débrouille-toi!". 
L'enfer! A chaque pas, je croyais tomber. Oh oui, l'hélico aurait été le bienvenu… Nous avons continué grâce à la motivation d'Alex. Déjà, avec les premières lueurs, la chaleur monte. 

Et nous commençons à ôter les couches.
Refuge Vallot, je m'écroule. Je suis "vidé de chez vidé…". Un peu de repos et ravitaillement, que cela fait du bien… Nous nous remettons en route. 
Encore un arrêt à 4000m; nous regardons derrière nous. 

Et dire que nous l'avons gravi…


Chaud, il fait. Encore une couche en moins…
Alex et moi-même sommes pris de quelques crampes et décidons de nous soulager aux grands rires des 2 autres…

GOÛTER: le retour.

Enfin, le refuge du Goûter. Que nous sommes contents de nous arrêter (encore! Et oui!). Bien que nous savons qu'il reste la barrière rocheuse à descendre. 

Nous apprenons qu'Alain et Nicolas sont déjà passés et qu'ils attendent 

au refuge de Tête Rousse à 3167m. 
Nous pique-niquons et rechargeons ce qui était resté dans la caisse. 

Oui, je sais, Alex, nos sacs sont un peu chargés…
Nous entamons la descente de la barrière rocheuse. A chaque pas, toujours cette pointe au genou dont l'intensité augmente petit à petit… 
La fatigue se fait de plus en plus sentir. Le manque de souffle et le mal de tête, eux ont disparus. Deux ou trois fois, nous trébuchons mais heureusement nous sommes assurés. Nous nous faisons mal. 

Chevilles, genoux en prennent pour leur compte. 
Thierry chute avant le "Couloir de la Mort". Il crie. Grosse douleur au genou. Après 5 minutes, nous sommes repartis.
Nous en avons marre! Ras la casquette!


Enfin, après la traversée du "Couloir", nous arrivons chez Alain 

qui sourit à nous voir marcher comme des pantins… 
Nicolas, lui, n'a pas attendu… Mais bon, il avait ses raisons, peut-être?
Nous sommes contents de voir Alain. Il nous raconte son ascension jusqu'à 4500m, arrêtée par un mal de montagne… 
Un petit repos et quelques vitamines plus loin, nous nous remettons en route. Enfin, si je puis dire. A chaque combe de neige, nous voilà nous laissant glisser sur notre postérieur et ce, jusqu'à hauteur du Nid d'Aigle. Nous sommes trempés mais nous n'avons plus envie de marcher… 

NID D'AIGLE

14H30. Nous arrivons à la petit gare et, à notre grande joie, 

nous nous débarrassons de nos sacs. YES! 
Notre périple prend donc fin à cet endroit, pour ainsi dire…


Nous soufflons enfin… Nous mangeons nos dernières victuailles et buvons une bonne petite bière bien fraîche (Nous sommes belges, quand même UNE FOIS!)
15h30: le petit train, prénommé Anne, entre en gare et nous embarquons. 
16h30: arrivée aux Houches dans la parking où nous avions laissé la voiture. Nous retrouvons nos affaires dans le coffre: savon, brosse à dent, affaires de rechange, cfr début. Il fait toujours chaud et nous nous mettons à l'aise.
Alex nous conduit vers une petite terrasse pour nous offrir le dernier pot. 

Par cette chaleur, nous ne nous faisons pas prier. Et hop, une petite chope!
Il nous laisse ensuite car il doit aider son père à la ferme, cré vin dieu!

CHAMONIX: le retour

Tous les quatre crados, nous retournons à l'hôtel et notre première action se dirige vers la salle de bain… et les lits.


Frank va sur le toit de l'hôtel où se trouve un solarium terminer le film. 

(Vue sur la Mer de Glace)



Après s'être décrottés, nous nous endormons complètement cassés vers 18h.
21h: Frank lève la tête et lance un "on n'irait pas se mettre quelque chose sous la dent?". Péniblement, nous nous levons et nous allons tex-mexer… C'est même dur de terminer le repas tellement, nous sommes fatigués…
Ensuite, retour hôtel et dodo jusqu'à 9h, le lendemain. 

Que c'est bon le lit, être à l'horizontale, 

sans contracter le moindre muscle…

Dimanche 1 juillet 01: après avoir fait quelques emplettes 

(et oui, nous avons encore marché, non sans peine!).
Nous replions bagage et c'est avec regret que nous rentrons dans le PLAT PAYS qui est le nôtre… avec des images plein la tête.


 

MERCI FRANK